SESSION 4 Les acteurs publics, piliers d’un changement politiquement durable


Aujourd’hui, l’accroissement de la population mondiale fait couler beau-coup d’encre. Néanmoins, l’urbanisation prend également de l’ampleur : selon la FAO, 60 % des habitants de la planète vivent actuellement en zone urbaine, contre 80 % estimés pour 2050. Nous serons alors 10 milliards d’êtres humains sur Terre, soit 8 milliards à habiter en ville.

Ces chiffres amènent à remettre en question les fonctionnements de la société contemporaine et soulèvent de nombreux enjeux : économiques, sociaux, environnementaux, urbanistiques, alimentaires, etc. Une question se pose alors : pour-ra-t-on continuer à alimenter une population grandissante et majoritairement urbaine de la même manière qu’aujourd’hui ?

L’épuisement des ressources, le réchauffement climatique, l’augmentation des maladies alimentaires, et les inégalités d’accès à une alimentation digne et en quantité suffisante – pour ne citer que ces problèmes – nous laissent à penser que non. C’est en grande partie pour ces raisons que construire de nouvelles politiques urbaines, agricoles et alimentaires est un enjeu majeur du 21e siècle.

Ces dernières années, les crises financières et sanitaires, ainsi que les difficultés à mettre en place des politiques de développement viables à toutes les échelles ont participé à la perte de confiance des citoyens envers les États-nations. De nouveaux acteurs, tels que le secteur privé et les organisations de la société civile, commencent ainsi à s’emparer des enjeux que représentent la croissance démographique, l’urbanisation et l’alimentation de la planète.

Les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans la transition vers des systèmes alimentaires plus durables. Les territoires et les villes semblent particulièrement adaptés à la mise en place de nouvelles dynamiques : ils permettent d’appréhender avec plus de facilité toutes les facettes du système alimentaire en fonction de ses particularités environnementales, sociales, économiques, politiques et culturelles. Et cela de la production à la consommation, en passant par la gestion des déchets. Les acteurs de ces systèmes alimentaires plus durables y sont également plus près les uns des autres, ce qui peut participer à la mise en place de processus de collaboration et de création de projets multisectoriels. Aujourd’hui, il semble de plus en plus nécessaire qu’une coordination se fasse entre toutes les parties prenantes des systèmes alimentaires pour faire avancer la transition vers plus de durabilité. Ainsi, la motivation de coordination de tous ces acteurs peut être renforcée par un ancrage territorial, ces acteurs partageant a priori les mêmes caractéristiques géographiques et jouissant des mêmes possibilités fournies par leur environnement. Il semblerait que ce lien puisse engendrer un nouveau souffle pour la transition vers des systèmes alimentaires plus durables… D’ailleurs, soutenus par les collectivités locales et l’action publique, de nouveaux projets dans lesquels l’alimentation est au cœur des préoccupations émergent. Comme l’a dit Isabelle Touzard lors de la Jipad 2018, « quand on parle de volonté politique, il faut avoir conscience qu’il s’agit d’élus. Ils sont élus par des électeurs. Si les électeurs, au moment de leur choix, ne mettent pas en avant ces questions d’alimentation durable, les élus ne s’en préoccuperont pas forcément beaucoup. Les élus, notamment dans le cadre d’élections municipales, de proximité, sont très attentifs aux attentes, demandes et sollicitations des électeurs. Cette volonté poli-tique se construit aussi et surtout parce qu’il y a d’abord une volonté sociétale et une demande des consommateurs, des producteurs et d’autres acteurs ».

Les trois synthèses qui vont suivre proposent une étude de trois formes d’encadrement de projets visant la transition vers des systèmes alimentaires plus durables, où l’action publique se fait à diverses échelles et différents niveaux d’engagement, mais où la mise en réseau s’avère fondamentale. En premier lieu, nous nous intéresserons à la Maison d’éducation à l’alimentation durable (MEAD) de Mouans-Sartoux, un projet alimentaire territorial multisectoriel et inclusif porté par la municipalité. Ensuite, nous nous pencherons sur Let’s Food Cities, un projet de coopération inter-nationale entre villes pour aller vers des systèmes alimentaires plus durables, pour finir par l’étude de la Biovallée dans la Drôme, projet porté par plusieurs communautés de communes et soutenu par le conseil régional Rhône-Alpes.

Julia Lévêque, Veronica Bonomelli, Philippine De Lattre

Julia Lévêque

MOTS-CLÉS : POLITIQUE, ÉDUCATION, RETERRITORIALISATION, ACTION COLLECTIVE, DÉVELOPPEMENT LOCAL Voir la vidéo de Julia Les territoires et les villes, dont le poids démographique augmente (...)

Veronica Bonomelli

MOTS-CLÉS : SYSTÈMES ALIMENTAIRES DURABLES, COOPÉRATION, COLLECTIVITÉS TERRITORIALES, INTERMÉDIATION Voir la vidéo de Veronica Dans l’urgente nécessité d’une transition vers des systèmes (...)

Philippine De Lattre

MOTS-CLÉS : BIOVALLÉE, COLLECTIVITÉS LOCALES, TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE, CO-CRÉATION, MISE EN RÉSEAU Voir la vidéo de Philippine La mise en avant de la multitude d’initiatives locales (...)