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Dossier - Alimentation, arme du genre

Le genre de l’ivresse

Évolution des consommations d’alcool chez les étudiant-e-s
The Gender of Drunkenness. Evolution of Alcohol Consumptions in Female and Male University Students
Nicolas Palierne, Ludovic Gaussot et Loïc Le Minor
p. 153-172

Résumés

Le boire alcoolisé se prête particulièrement bien à une analyse en termes de genre. Cet article examine la construction sociale de la réalité concernant les modalités genrées du boire chez les jeunes, à partir d’une recherche en population étudiante. Entre le toxique et l’aliment, la « culture de l’ivresse » et la « culture du vin », le boire des jeunes et son évolution articulent différentes normes et différents rapports aux normes. L’évolution des rapports sociaux entre les sexes en matière de consommation estudiantine mérite d’être étudiée de près : contrairement aux discours récents de la prévention et de la santé publique mettant l’accent sur l’explosion des consommations chez les étudiants et la dissolution du genre, on observe avant tout le rapport étroit à l’ivresse qui évolue vers la modération et un maintien de la dissymétrie du genre tout au long des parcours de consommation.

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Texte intégral

1La culture juvénile du boire recherche davantage l’ivresse que le plaisir gustatif des boissons alcoolisées (Freyssinet-Dominjon & Wagner, 2003 ; Le Garrec, 2002 ; Dagnaud, 2008). Il s’agirait d’un « mauvais boire » qui s’opposerait à un boire adulte associé à la gastronomie conviviale et à l’hédonisme organoleptique. Au sein du boire, la différenciation des pratiques selon le sexe témoigne de la hiérarchie entre le masculin et le féminin et des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes (Delphy, 2001 ; Scott, 1988 ; Douglas, 1987 ; Gefou-Madianou, 2002). L’alcool apparaît lui‑même comme un produit culturellement genré, voire un symbole du genre (Eriksen, 1999) : le boire construit (en partie) le genre (Measham, 2002), il est un « accessoire », un « signe extérieur de virilité » (Falconnet & Lefaucheur, 1975), un élément d’apparat masculin à l’instar du maquillage (Nahoum-Grappe, 1991).

  • 1 Elle est financée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie, (...)

2L’anthropologie du boire (Obadia, 2004) étudie les manières de boire à l’instar des manières de table, en distinguant celles légitimes, cultivées, des autres. Si la culture juvénile du boire possède une certaine cohérence, elle n’est toutefois pas à considérer comme un monolithe clos chez les étudiants : en amont, l’initiation au boire se fait le plus souvent au sein de normes familiales imprégnées de la culture du vin ; en aval, l’avancée en âge les fait entrer dans les pratiques du « bien-boire » adulte. Notre étude1 cherche ainsi à montrer que le boire étudiant est traversé par un processus de transition du boire adolescent vers le « bien-boire » adulte qui s’accompagne d’ajustements dans les rapports de genre.

  • 2 Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense.
  • 3 http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxolua.pdf

3Nous avons centré notre propos sur une jeunesse singulière : les étudiants de Poitiers. Ce choix est motivé par la surreprésentation des étudiants à Poitiers (20% de la population). Ils constituent un marché important pour les établissements nocturnes de la ville et leurs sorties publiques sont particulièrement visibles. De plus, les enquêtes épidémiologiques (escapad2, Baromètres santé) soulignent régulièrement3 que les épisodes d’alcoolisation ponctuelles importantes sont significativement supérieures chez les jeunes picto-charentais que chez ceux du reste de la France. Afin de rendre compte de leur consommation, un questionnaire diffusé en mai 2012 via la mailing liste des étudiants a permis d’obtenir un échantillon de 2 364 personnes (11% de la population totale), que nous avons redressé à partir du sexe et des filières. Outre les caracté­ristiques sociologiques, trois volets y étaient abordés : les consom­mations d’alcool, de cannabis et d’autres drogues, les relations familiales et les sociabilités. Ce questionnaire nous a permis de constituer un échantillon raisonné parmi les volontaires pour des interviews que nous avons réalisées auprès d’une soixantaine de jeunes.

4La culture du boire et du vin s’est modifiée au cours du xxe siècle : au vin aliment, source de calories indispensables à la force virile, s’est substituée une ambivalence qui le considère tantôt comme un ingrédient des repas aux vertus sanitaires, tantôt comme un produit toxique au même titre que les autres drogues (Gaussot, 2004). La « nouvelle culture du vin » invite dès lors à une dégustation éclairée et distinctive, où seule l’ivresse légère et spirituelle est tolérée (Albert, 1989 ; Rosso, 2004). De même, la valorisation des compétences des femmes en œnologie aurait bouleversé la culture sexiste du vin (Corbeau, 1997). Autrefois symbole de la séparation des sexes, la consommation de vin, et plus largement d’alcool, n’est plus un monopole masculin (Gaussot & Palierne, 2012). Aujourd’hui, la culture du vin semble inviter les deux sexes à se rapprocher sous les vertus de la modération (Eriksen, op. cit.) et de la séduction liées au vin agrément (Corbeau, op. cit.). Les lignes de démarcation entre les sexes sont devenues incertaines. « L’alcool donne-t-il un genre ? » (Beck et al., 2006), « Existe-t-il encore une singularité de la consommation d’alcool des femmes ? » (Journée scientifique ireb, décembre 2013). Là où « l’entrée » des femmes adultes dans la culture du vin est applaudie comme le signe d’une émancipation et de l’égalité (sous réserve de l’abstinence en cas de grossesse), la convergence entre les sexes inquiète lorsqu’elle touche les plus jeunes. La consommation chez les jeunes filles devient inquiétante en ce qu’elle rattraperait le mal‑boire des jeunes garçons (Beck et al., 2011).

5La stigmatisation du mal-boire s’exprime moins dorénavant entre les classes sociales, comme au xixe siècle, qu’entre les géné­rations. Et les « jeunes » semblent d’autant plus « mal boire » en France qu’ils désertent la culture du vin. Le boire étudiant se carac­tériserait, plus que les autres, par une convergence avancée entre les sexes et une centralité de l’ivresse (Beck et al., 2003 ; Legleye et al., 2008). Mais ces approches quantitatives parlent peu du genre : le sens de ces conduites reste à comprendre pour saisir pleinement les transformations du boire féminin et masculin (Gefou‑Madianou, op. cit.). Le boire étudiant constitue un objet pertinent puisqu’il est tra­versé par une multiplicité de manières de boire qui oscillent, selon les situations, entre la « culture du vin » et la « culture de l’ivresse » (Measham & Brain, 2005 ; Nahoum‑Grappe, 1991), mais aussi parce qu’il témoigne, à l’encontre de la convergence annoncée, du maintien d’une asymétrie de genre.

La « culture de l’ivresse » : l’excès comme espace masculin

Le boire étudiant : vers une ivresse égalitaire ? 

  • 4 Consommation d’au moins six verres en une même occasion.

6Le boire étudiant s’inscrit dans les modes de sociabilité et les manières de faire la fête qui caractérisent ce statut social. L’interdit du boire solitaire est non seulement rappelé constamment, mais on retrouve également un lien fort entre les buveurs plus réguliers et plus excessifs et une sociabilité dense. Le boire n’est pas dissociable du « sortir » des étudiants. Nahoum-Grappe (1997) avait déjà sug­géré des transformations dans le sortir de la jeunesse à la fin du xxe siècle, qui n’était plus celui de leurs parents et se faisait dorénavant sans eux. Les sorties juvéniles ne sont plus centrées sur le repas mais sur l’incitation à l’« éclatement ». Ces transformations axent l’espace festif sur la recherche de l’ivresse, et notamment, dans nos sociétés, de l’ivresse par le boire (Nahoum-Grappe, 2010). Le boire étudiant serait caractéristique du sortir juvénile, témoignant de la centralité de l’ivresse, plus proche des modalités d’alcoolisation anglo-saxonnes (Herman-Kinney & Kinney, 2013). Le boire étudiant serait alors en rupture avec notre tradition latine du vin aliment, et cher­cherait son concept (binge drinking4, alcoolisation ponctuelle importante, biture express ?).

7Freyssinet-Dominjon et Wagner (op. cit.) décrivent cette « culture jeune » du boire, en opposition au boire adulte sur trois grandes dimensions : le choix des boissons, le rapport à l’ivresse et les temporalités des consommations. Ces traits du boire étudiant ont également été retrouvés dans notre population. Le savoir-boire adulte, qui se conforme aux exigences d’autonomie et de contrôle de soi, réprouve en général l’ivresse. Les jeunes ne la perçoivent pas aussi négativement. Le mal-boire se situe pour eux moins dans la quantité de ce qui est bu, que dans la fréquence des alcoolisations et leur gestion comportementale. La culture jeune du boire intègre le refus de l’alcool au quotidien : les consommations sont concentrées sur les week-ends et les vacances et attachées à des contextes festifs. On y retrouve l’imaginaire d’une « sociabilité enchantée » qui annulerait les différences sociales, à l’inverse de la valeur distinctive de la culture du vin. De plus, les étudiants opposent clairement une recherche des effets de l’alcool à celle de son goût (principalement bières et alcools forts), qu’ils cherchent à masquer en le diluant à des boissons sucrées. Le vin n’est toutefois pas complètement absent des pratiques d’enivrement, mais il est toujours qualifié de « mauvais vin », de « piquette ». La « culture de l’ivresse » est relatée par la plupart de nos enquêté(e)s comme une forme de perte de contrôle contrôlée permettant de faciliter les rencontres, les échanges et de basculer dans le temps de la fête.

8Legleye et al. (op. cit.) ajoutent à la spécificité du boire étu­diant une moindre différenciation entre les sexes que chez les autres jeunes de 18-25 ans (actifs, chômeurs). Les étudiantes déclarent être plus souvent ivres que le reste des jeunes filles, tandis que les étu­diants ne le sont pas plus que le reste des jeunes hommes, et s’alcoolisent même moins régulièrement qu’eux. Les professionnels de la prévention et du soin avancent ainsi parfois une égalité réalisée entre les sexes : les filles boiraient dorénavant comme les garçons (Aubertin & Morel, 2010). Mais en dépit d’une relative convergence entre les sexes, on ne peut pas parler d’une égalité sexuée et genrée dans le boire étudiant.

Le maintien d’un double standard

9Les normes de consommation d’alcool continuent d’être structurées par l’asymétrie du genre. Certes les jeunes femmes ont gagné en permissivité dans le boire alcoolisé public et revendiquent également le recours à l’alcool comme un adjuvant de la fête. Toutefois les garçons continuent de boire plus souvent et de manière plus extrême : notre recherche confirme que l’espace de l’excès reste le privilège des hommes (Meidani et al., 2005 ; Peralta et al., 2010).

  • 5 L’Alcohol Use Disorders Identification Test, validé par l’OMS, permet de dépister les troubles liés (...)

10Malgré la réduction des écarts entre les sexes, Legleye et al. (op. cit.) montrent que les étudiants sont deux fois plus nombreux que les étudiantes à déclarer plus de 3 ivresses (24.2% vs 11.5%), un blackout alcoolique (18.2% vs 9.4%) et la pratique du binge drin­king (29.4% vs 12.3%) dans l’année écoulée. Ils sont trois fois plus nombreux pour ce qui est de la consommation régulière (10.9% vs 3.1%). Parmi les étudiants poitevins, au regard du test audit5, il y deux fois plus d’abstinents chez les filles que chez les garçons (16.6% vs 7.9%), et près de quatre fois moins de consommateurs les plus à risque (risque chronique et/ou de dépendance) (5.8% vs 20.8%). Si la part de consommateurs à risque ponctuel est assez proche entre les sexes (37.2% des étudiants vs 30.3% des étu­diantes), les écarts de genre se creusent donc aux extrémités des modalités du boire.

11Les pratiques et les significations qui leur sont associées sont genrées. L’excès féminin reste encore stigmatisé :

On en avait reparlé avec les copains un peu plus tard comme quoi en première, seconde, ils s’inquiétaient trop pour moi, que j’allais devenir une grosse arrachée. Et en fait c’est moi qui suis la plus sage… (Juliette, 24 ans, L3, sciences humaines et arts, en couple).

12Face à l’inquiétude du sexe opposé, les filles cherchent à démontrer leur modération, tandis que les garçons font fierté de leur excès :

Pour moi ça m’semblait évident que quand tu bois une bouteille de whisky et demi à toi tout seul, c‘est pas bon pour toi, y a forcément un danger. Et de voir que tu tiens et que t’es content de tenir, et que t’es fier de tenir c’est... j’trouvais ça dommage... Je leur disais : « Putain mais vous êtes ouf c’est chaud de tenir autant quoi » juste ça. Donc peut-être que eux pouvaient prendre justement comme « Et ouais ! T’as vu ? J’tiens ! ». Parce que t’es un bonhomme, tu tiens le whisky quoi  (Murielle, 23 ans, L3, lettres et langues, célibataire).

13Les jeunes filles attachent de l’importance aux conséquences de l’excès non conciliables avec les normes alimentaires et esthé­tiques qui s’imposent à elles :

Les ravages de l’alcool sur les filles sont pas les mêmes que sur les garçons, et malheureusement, nous on se le prend en pleine face. […] y’en a une que j’ai connue au début où je sortais avec mon copain, c’est pas qu’elle était maigre mais bon... là je l’ai revue, elle est bouffie, elle a du bide […] Si elle se prend pas en main, c’est-à-dire si elle lève pas le pied niveau consommation d’alcool et si elle mange pas un peu de verdure, pff, ça va pas être super d’ici 3/4 ans... Bon les filles qui sont là-dedans, c’est soit elles sont maigres comme ça, soit elles sont obèses... (Sophie, 28 ans, M1, sciences humaines et arts, en couple).

14À l’inverse, « dans l’excès, être homme c’est pouvoir se mo­quer de soi publiquement et avoir l’opportunité de se mettre en scène jusqu’au ridicule (montrer ses fesses, uriner de manière osten­sible, vomir) » (Meidani et al., op. cit. : 69). S’adonner publi­quement à l’ivresse pour une jeune fille, c’est mettre à l’épreuve son identité de genre et prendre le risque d’une « sexualité non contrô­lée » (Peralta et al., op. cit. ; Herman-Kinney & Kinney, op. cit.) :

Je pense à une copine là, j’crois qu’elle a arrêté mais... qui buvait jusqu’à faire des black-out, un trou noir. Et elle se réveillait dans des lits de gars le lendemain, c’était super glauque quoi » (Murielle).

15Mais le maintien d’un double standard sur les conduites d’alcoolisations excessives ne signifie pas qu’il s’agirait d’un bas­tion masculin protégé de toute dénonciation et résistance. Si la viri­lité et la supériorité n’ont pas disparu, elles ont perdu de leur panache. L’ivresse masculine peut apparaître immature, incompré­hensible et « débile ».

Le boire étudiant comme processus

16Notre recherche montre un pic des consommations en L2 puis une baisse des consommations les plus importantes. La part des non consommatrices diminue de la L1 au doctorat (de 22% à 6%) tandis que la part des buveuses modérées ne cesse de croitre (de 45% en L1 à 67% en doctorat) en réduisant également la part des conduites à risque. Chez les garçons, c’est à partir du master 1 que les consom­mations les plus à risque tendent à décroitre, tout en se maintenant à un niveau relativement élevé : il y a encore 15% de consommateurs à risque chronique en doctorat chez les garçons alors qu’il n’y en a plus chez les filles. Celles-ci semblent s’immiscer plus rapidement dans la culture du vin que les garçons qui conservent encore un lien étroit avec la culture de l’ivresse, même en fin de cursus universi­taire. Le boire étudiant témoigne ainsi d’une période de transition entre le boire adolescent, centré sur l’ivresse, et le boire adulte, centré sur le plaisir du goût. La majorité des jeunes adultes ne rejette pas la culture du vin (Lefour, 2005) ; ils y viennent seulement plus lentement, corrélativement à l’allongement de l’adolescence et de la scolarisation. Le Garrec et Damour (2005) relèvent qu’entre 20 et 25 ans une « transmutation significative » s’opère vers une « adultéité » du boire, désormais perçu comme plus légitime. Les jeunes que nous avons interrogés à une étape avancée de leur carrière scolaire ont le souci de distinguer leurs manières de boire actuelles des plus anciennes : ils jugent négativement le « boire pour boire » juvénile, et avancent un plus grand intérêt pour une nouvelle manière de faire la fête (plus longue, sans débordement, centrée sur la danse) structurée par les contraintes scolaires et professionnelles.

La « culture du vin »

Une initiation familiale très masculine

17Durant les années collège, les parents sont majoritairement dé­crits comme les « initiateurs » de la première gorgée d’alcool. Celle-ci se prend souvent dans le verre d’un parent au cours d’un repas familial et est rarement appréciée. Sa valeur n’est pas gustative mais sy1mbolique. Elle marque la transgression complice de l’interdit posé sur l’alcoolisation des enfants et ouvre l’accès à un objet chargé de valeurs traditionnelles et élitistes : le vin. La première consommation est encadrée par des figures souvent masculines (pères, oncles, grands-pères, etc.) qui prônent une éducation au vin et à la modération.

18Parmi les étudiants déclarés « non consommateurs », la plupart se révèlent à l’entretien consommateurs occasionnels : tous témoignent de la valeur de la culture du vin, même lorsqu’ils ne la pratiquent pas (Simmonet-Toussaint, 2006). L’initiation familiale pouvant alors se muer en incitation, voire en pression pour les garçons. Tous décrivent des univers de consommation dans lesquels ils se sont sentis en porte-à-faux, surtout en cas d’abstinence totale. Ils décrivent des tentatives de découverte qui semblent avoir échoué, puisqu’elles n’ont inauguré ni une entrée en consommation, ni une intégration franche au groupe des hommes.

19Paul souligne la déception des membres masculins de sa fa­mille : oncle connaisseur, cousin ayant suivi des cours d’œnologie :

Mon cousin commençait à s’y connaître. D’ailleurs il se la pétait « ah il a une robe machin… » (rire) « une saveur fruitée » etc. […] En fait, c’est resté pour moi plutôt festif, avec un côté aussi plutôt élitiste. Pour ce qui est œnologie et tout. […] C’était à la fois festif, à la fois côté tradition, qui était aussi mis en avant. Tout le côté un petit peu aussi bourgeois de la chose. Mais j’aimais pas ça. Voilà. Tant pis. Ça me frustrait un peu à chaque fois mais... Surtout qu’on insistait à chaque fois « mais essaie et tout ». Mais je sais que j’aime pas ça, ça m’énerve déjà assez comme ça. « Laissez-moi tranquille ! » (Paul, 20 ans, L2, sciences humaines et arts, célibataire).

Il met en évidence une initiation guidée par des valeurs « bourgeoises » concernant la culture du vin (Albert, op. cit.). Cette initiation n’est pas indifférente cependant à la définition sociale de la masculinité. Si Paul a une lecture classiste de la consommation d’alcool, ses descriptions nous invitent à une lecture genrée : en particulier l’insistance et la déception de son père et de son oncle.

20Du côté de Samuel (19 ans, l3, sciences humaines et arts, célibataire), le grand-père, le père, le beau-père, les oncles, le frère, le cousin semblent s’être ligués pour intégrer ce membre un peu récalcitrant. Il met sur le même plan la culture du vin dans laquelle il a baigné et la « culture » au sens classique comme celle de la lecture, même s’il décrit par ailleurs des pratiques familiales conviviales très « simples » :

On buvait un peu mais du coup c’était comme les repas de famille classiques, c’était comme on se partageait les rillettes, on partageait la salade, c’était « on se partage la bouteille ».

Samuel n’évoque pas de discours de prévention (concernant l’alcool, à la différence du tabac), comme si l’intronisation dans la culture du vin était une école de la modération, qui lui fait voir « le vin comme quelque chose pour se faire plaisir ».

21Les filles ne signalent pas d’interrogations relatives à leur identité genrée du fait de leur non consommation, ni de leur part, ni de la part des autres. Les garçons évoquent au contraire la mise en question de leur statut masculin, voire de leur virilité, impliquée par leur non ou « faible » consommation.

22Cette initiation familiale n’est pas synonyme d’entrée en consommation régulière (Le Garrec, op. cit.). Le « vrai » premier verre est surtout celui qui est consommé entre pairs, en décalage avec le boire familial. Pour autant, nos étudiants décrivent la coexistence de ces deux rapports au boire à partir des années lycée. Ils n’évincent pas complètement la culture du vin héritée de la famille : celle-ci reste très présente sur le plan symbolique, mais est mineure dans les pratiques tant que domine le boire avec les pairs centré sur l’excès festif.

Les « sorties » du boire juvénile

23Les « sorties » du boire juvénile signifient une entrée progressive dans la sobriété (Le Hénaff & Routier, 2013). L’avancée dans les études et en âge modifie les opportunités et les modalités de faire la fête. La mise en couple, les contraintes liées à une activité salariée et l’implication plus grande dans le travail universitaire en vue d’un projet professionnel réduisent les occasions du boire excessif.

Cette année en six [6e année], il faut vraiment que je bosse donc du coup j’ai pas trop le temps de me la coller comme un cochon, mais… non j’ai pas trop le temps, maintenant je deviens un grand, heu... je bois moins, je suis sage... » (Benoît, 25 ans, 6e année de pharmacie, célibataire).

24Les buveurs excessifs des premières années universitaires se modèrent. Le boire s’inscrit dans des moments plus conviviaux, moins centrés sur l’excès et en association avec le manger :

De temps en temps avec mon copain on se faisait du fromage avec du vin rouge mais c’était pas l’optique de se mettre une caisse (Camille, 24 ans, M1, sciences du sport, en couple).

25On retrouve ainsi cette « transmutation significative » : les en­quêtés évoquent leur apprentissage d’une légitimité du bien-boire en référence aux valeurs adultes. Cette légitimation emprunte tant au registre médical (« le vin sain ») et moral-social (un boire convivial) qu’à un positionnement générationnel (Le Garrec & Damour, op. cit). Cette nouvelle légitimité s’accompagne alors d’une stigma­tisation de leur boire adolescent. La mise en avant de la culture du vin peut même servir à témoigner aux parents que les déboires juvé­niles appartiennent dorénavant au passé :

Mais justement lui [à son père] expliquer que boire du vin rouge avec du fromage c’est vachement bon... effectivement […] si on consomme du vin tous les jours c’est une certaine forme d’alcoolisme chronique mais ça reste une consommation qui reste dans le cadre de... (rires). Je ne sais pas la gastronomie française ! Et justement c’est pas du tout la même chose que de se mettre une cuite une fois par semaine. Ce que je veux dire c’est que là, ma consommation est vraiment de l’ordre du plaisir... du plaisir exceptionnel. Moi j’en suis très fière de cette évolution-là, du fait que maintenant je ne bois plus n’importe quoi... J’apprécie le vin... (Mélodie, 20 ans, L3, lettres et langues, en couple).

26Le boire adolescent, notamment celui du lycée, est réinterprété et déprécié :

Après ce n’était plus le même genre de soirée qu’au lycée. C’était plutôt on s’achète des bonnes bouteilles de vins rouges autour d’un petit repas. Parce que je me dis maintenant qu’au lycée c’était quand même plus boire pour boire quand même. Là, la fac c’est beaucoup plus ambiance conviviale qu’au lycée. Enfin on ne fait plus de jeux à boire (Léa, 19 ans, L1, sciences humaines et arts, célibataire).

27Le boire étudiant est un boire pluriel en transition, qui jongle avec les normes de consommation selon les situations. Le boire en famille est décrit par les enquêtés comme un boire de qualité où il faut se tenir : si l’euphorie est tolérée, l’ivresse est proscrite. À l’inverse, dans les soirées étudiantes, l’ivresse reste de mise, mais devient moins régulière avec l’âge et n’est plus la centralité de la soirée :

Moi je ne fais pas beaucoup de soirées étudiantes mais par contre chaque fois que je fais, voilà on va se retrouver avec des amis, on va prendre l’apéro, on va avoir du vin à table voilà. Sans qu’on s’en rende compte on devient très vite alcoolisé, mais on a une consom­mation qui est… qui est un peu de la vieille époque on va dire. À boire parce qu’on boit de façon… à table et tout ça quoi, on n’est pas sur les soirées étudiantes où ils sont shooters et tout ça. Je trouve ça un peu plus dangereux, je l’ai fait aussi (Margot, 22 ans, L3, gestion, célibataire).

28Le danger de leurs anciennes alcoolisations est d’autant plus souligné qu’il permet de légitimer leur consommation actuelle, même si elle déborde de la modération. Les repas entre amis ou entre couples occupent de plus en plus d’espace. À l’opposé, les consommateurs qui étaient en retrait du boire juvénile déclarent apprécier de plus en plus la consommation d’alcool sous les traits de la culture du vin. Elle offre pour cette jeunesse étudiante, issue surtout des classes moyennes et aisées, une mise en conformité avec les normes de genre des classes supérieures. Mais s’il y a un rapprochement des niveaux et des modes de consommation chez les jeunes, le sens en est radicalement opposé : l’excès peut se vivre, côté garçons, comme une confirmation et, côté filles, comme une infirmation ou un affranchissement à l’égard de l’identité de genre. La modération témoigne quant à elle d’une forme d’émancipation féminine gagnée sur l’abstinence traditionnelle, tandis qu’elle invite à une masculinité contrôlée (Eriksen, op. cit.).

Entrée dans la nouvelle culture du vin : un renouveau du genre ?

29Les enquêtes de FranceAgriMer (2012) suggèrent qu’entre 1980 et 2010, la part des consommateurs réguliers de vin (tous les jours ou presque) a été divisée par trois, passant de 51% à 17% de la population âgée de plus de 14 ans. La part de non-consommateurs a elle doublé, passant de 19% à 38%. En 1980 comme en 2010, la part de consommateurs de vin tend à augmenter avec l’âge. Mais en 2010, la baisse générale de la consommation se ressent d’autant plus chez les jeunes. La même tendance se retrouve dans la consommation régulière de vin, où la baisse est presque sept fois plus importante chez les 20-24 ans que chez les plus de 75 ans. Celle-ci s’accompagne d’une augmentation du taux de consomma­teurs occasionnels, mais seulement pour les tranches d’âge les plus âgées : chez les moins de 25 ans, la part de buveurs occasionnels en 2010 est inférieure à celle de 1980. Ces données montrent bien la prise de distance très marquée des plus jeunes avec le vin, puisque pour eux la baisse de la consommation régulière n’est pas « compen­sée » par une consommation plus occasionnelle. Lorsqu’il s’agit de reconstruire les consommations d’alcool au sein de leur famille, nos enquêtés distinguent bien la consommation de vin occasionnelle de leurs parents à celle plus quotidienne de leurs grands-parents. L’entrée dans la consommation de vin est dès lors plus tardive chez les jeunes générations. Les premières gorgées de vin bues dans le verre des parents marquent la sortie de l’enfance, du moins de l’interdit du boire enfantin. Les premiers verres partagés avec les parents témoignent de l’entrée dans la vie adulte :

Je prenais aussi l’apéro avec eux [ses parents], ou le vin avec eux. Il y a très peu de temps que je commence à boire du vin, mais sinon je n’en buvais pas. Oui forcément on grandit donc on s’adapte ! […] Avant, je n’avais pas le droit de boire l’apéro […]. Après, plus je grandissais, plus, au contraire, c’était un plaisir de partager cet apéro avec eux. Et dans mon sens et pour celui de mes parents. Voilà on grandit quoi, on devient un adulte (Marie, 24 ans, M2, sciences humaines et arts, célibataire).

30Du côté du sexe, ces enquêtes révèlent que la part des con­sommateurs réguliers a perdu 43 points chez les hommes (de 69% à 26%) et 26 chez les femmes (de 37% à 11%) sur ces trois décennies. La part de non consommateurs de vin chez les hommes comme chez les femmes a augmenté de 20 points (de 9% à 29% et de 27% à 47%). Toutefois hommes et femmes présentent une part de con­sommateurs occasionnels assez proche en 2010 (46% vs 42%). La pratique de la modération toucherait ainsi une part relativement égale chez les deux sexes, alors que les différences de genre s’expriment là encore aux extrémités (consommation régulière et non consommation). Grignon et Thiphaine (2004) soulignaient que les étudiants qui surveillaient leur poids étaient moins souvent des consommateurs réguliers : les normes alimentaires interviennent là encore pour expliquer les écarts entre les sexes dans le boire alcoo­lisé. Lefour (op. cit.) notait également que ses enquêtées privilé­giaient la consommation modérée de vin à la bière qui ferait grossir. Richard et al. (2013) rappellent la préférence du vin comme premier alcool consommé de façon hebdomadaire chez les jeunes filles de 20-25 ans, tandis que chez les jeunes garçons du même âge, le vin n’arrive qu’en troisième position derrière la bière et les alcools forts. Les valeurs de modération attachées à la culture du vin tendent vers un certain « dépassement du genre » (Le Feuvre, 2014) mais les excès, comme la régularité, continuent d’appartenir aux hommes. Ces données invitent donc à relativiser la place des femmes dans le vin comme un nouveau pas vers l’égalité entre les sexes.

Conclusion

31Douglas (op. cit.) rappelait que la protection des femmes face aux aliments dangereux n’était pas universelle. Elle interrogeait l’origine de « l’heureuse convergence » de la plus grande vulnérabi­lité biologique des femmes et de l’interdit social pesant sur leur alcoolisation. Aujourd’hui, les enquêtes internationales du groupe genacis (Gender, Alcohol and Culture: an International Study) soulignent l’universalité de la prévalence des hommes en matière d’alcoolisation, mais les variations intersexes entre les cultures, les sociétés et les époques demeurent importantes. Pour autant ni cette universalité, ni les variations ne sont encore aujourd’hui suffisam­ment expliquées. Le boire et le trop boire des femmes ne cessent de surprendre, d’inquiéter. Depuis le xixe siècle, l’augmentation de l’alcoolisation et de l’alcoolisme (souvent confondus) des femmes est annoncée en Occident comme la rançon de l’émancipation ac­quise ou revendiquée. L’idée d’une convergence malheureuse entre les sexes s’est renforcée dans les années 1970. Mais force est de constater qu’elle n’est toujours pas réalisée. Le genre continue de structurer les rapports au boire et les manières de les penser restent souvent empreintes d’androcentrisme. Si les écarts entre les sexes se réduisent sensiblement, du fait surtout de la réduction des consom­mations masculines, les comportements ne sont toujours pas perçus et vécus de la même manière selon le sexe du buveur. Certes, les anciennes oppositions entre le sang impur des femmes et le vin ne sont plus en vigueur. La culture du vin semble accueillir d’autant plus favorablement les femmes qu’elles véhiculent des normes plus conformes avec les valeurs actuelles du vin. Elles symbolisent les valeurs de modération et de séduction. Mais la vie adulte, les iné­gales contraintes parentales, conjugales et professionnelles ne lais­sent pas les mêmes opportunités de consommations entre les femmes et les hommes. Si l’univers du vin s’est en partie féminisé, dans ses professions et ses valeurs, les pratiques de consommation restent inscrites dans des configurations sociales et de sens qui font des hommes les premiers consommateurs. Mais la prise en compte du sexe, voire du genre, sur les questions d’alcool se centre encore trop uniquement sur les femmes. Partant de l’idée que les femmes adop­teraient par imitation des comportements masculins, une telle approche néglige la construction relationnelle et hiérarchisée du féminin et du masculin, et essentialise ce dernier comme un neutre universel et anhistorique (Mathieu, 1991). Or ce qui est nouveau n’est pas tant l’entrée des femmes en consommation (elles aussi consomment de moins en moins de vin) que la rupture symbolique du lien entre le vin aliment et la masculinité.

32Du côté des étudiants, le rapprochement des conditions de vie dans l’allongement des études, la mixité, la plus grande opportunité de boire en public, la maternité plus tardive, la plus grande indépen­dance, la fréquence des pratiques festives n’ont pas suffi à faire du boire des jeunes filles l’équivalent du boire des garçons. Les normes qui pèsent sur l’alimentation et sur la sexualité, l’attention à la santé, au corps et à la réussite scolaire enjoignent encore les filles à davantage limiter leur consommation et conduites d’ivresse. Le boire reste une manière de « faire son genre » (Measham, op. cit.). Les risques liés à l’ivresse (apparence physique, perte de contrôle, débordement du corps) apparaissent contraire aux normes féminines, tandis qu’elles peuvent construire la masculinité des garçons lorsqu’elles sont réinterprétées avec amusement, bravade agonis­tique et glorification. Le genre continue également d’influencer les manières de penser les problèmes d’alcool. Les alcoolisations fémi­nines sont pointées comme un problème majeur de santé publique, alors que ce sont les hommes qui en meurent fréquemment ; l’association forte entre la masculinité et le boire continuant de ren­forcer chez les hommes la tendance à minimiser leurs problèmes avec l’alcool. Enfin, l’analyse genrée (Bereni et al., 2008) du boire chez les étudiants doit aussi nous inviter à penser la différenciation intrasexe, à la fois dans l’intersection (Crenshaw, 2005) des diffé­rents rapports sociaux (origine sociale, géographique, culturelle, choix des filières) mais aussi dans la pluralité hiérarchisée des identités masculines et féminines (Connell, 2005).

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Notes

1 Elle est financée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie, l’Institut national du cancer et l’Institut de recherches scientifiques sur les boissons.

2 Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense.

3 http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eftxolua.pdf

4 Consommation d’au moins six verres en une même occasion.

5 L’Alcohol Use Disorders Identification Test, validé par l’OMS, permet de dépister les troubles liés à la consommation d’alcool.

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Pour citer cet article

Référence papier

Nicolas Palierne, Ludovic Gaussot et Loïc Le Minor, « Le genre de l’ivresse »Journal des anthropologues, 140-141 | 2015, 153-172.

Référence électronique

Nicolas Palierne, Ludovic Gaussot et Loïc Le Minor, « Le genre de l’ivresse »Journal des anthropologues [En ligne], 140-141 | 2015, mis en ligne le 15 juin 2017, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/jda/6079 ; DOI : https://doi.org/10.4000/jda.6079

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Auteurs

Nicolas Palierne

CADIS – UMR 8039-CNRS/EHESS – *nicolas.palierne@univ-poitiers.fr

Ludovic Gaussot

GRESCO – UFR SHA – E.A. 3815, Université de Poitiers
8 rue René Descartes, TSA 81118, 86073 Poitiers
Courriel : ludovic.gaussot@univ-poitiers.fr

Loïc Le Minor

GRESCO – UFR SHA – E.A. 3815, Université de Poitiers
8 rue René Descartes, TSA 81118, 86073 Poitiers
Courriel : loic.le.minor@univ-poitiers.fr

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