Femmes-males et jeux de pouvoir par l’alimentation à Abidjan (Côte d’Ivoire)

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EGNANKOU Adolin Paul

Enseignant-chercheur à l’Institut d’Ethno Sociologie, Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan Cocody (Côte Ivoire)

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Ce texte analyse le triptype Genre-Alimentation-Ville à travers une étude qualitative dans ville d’Abidjan (Côte d’Ivoire). D’abord, il expose cette ville comme révélatrice d’oppressions et d’inégalités de genre issues d’un système discriminant. Par rapport aux hommes, une catégorie de femmes ivoiriennes, citadines, mais analphabètes ou ayant un faible niveau d’instruction scolaire, est exclue de l’économie de plantation et du système d’insertion professionnelle formelle, puis confinée à certaines activités perçues comme dévalorisantes et marginales : travaux agricoles, cuisine domestique, vente de produits vivriers, restauration de rue, etc. Toutefois, il démontre que, par le fait alimentaire urbain, des femmes exclues et dominées opèrent une reconstruction identitaire et statutaire en s’appropriant le stigmate subi.

De cette reconstruction, nait la catégorie de femmes-mâles, c’est-à-dire de femmes hybrides car socialement modifiées par des comportements et des pratiques typiquement masculins qui les aident à se maintenir dans les activités commerciales et dans les ménages en crise.

Ainsi, au dehors, dans les marchés, les coopératives, les restaurants de rue, elles mobilisent le capital social, économique, pour dominer démographiquement, symboliquement et spatialement les acteurs qui s’y trouvent, même ceux qui possèdent un capital culturel plus important que le leur. Au dedans, on observe des mutations subtiles mais effectives au sein des ménages. En effet, grâce à l’importance de leurs participations aux dépenses domestiques, les femmes-mâles usent de leur pouvoir pour imposer aux membres des ménages des repas de leurs choix.

Mots-clés : alimentation, domination, femme-mâle, genre, ville. 

Dessin Côte d'ivoire