Dans la plupart des sociétés humaines et dans la nôtre en particulier, refuser un aliment offert revient à refuser la relation, à s’extraire du cercle des convives et du groupe, signifie la méfiance et appelle l’exclusion. Or, dans le monde contemporain, il semble que des individus de plus en plus nombreux revendiquent une alimentation particulière pour des raisons diverses : médicales (allergies et intolérances), sanitaires (régimes divers), éthiques, politiques ou spirituelles (végétarismes, prescriptions ou proscriptions religieuses).
Cette revendication soudain affirmée ne signale-t-elle pas une évolution, voire une remise en cause, au nom de l’individu, de ce qui pouvait passer pour un fondement de la socialité : le partage et la commensalité ?
La question des alimentations particulières est abordée ici dans une perspective radicalement interdisciplinaire : du biomédical (immunologie, allergies, intolérances) au social et au culturel. La question qui est posée par les alimentations particulières, c’est celle de l’étendue et des limites de l’individualisation dans les sociétés contemporaines.
Renoncerons-nous à toute forme de commensalité ou saurons-nous inventer de nouvelles configurations, suffisamment souples mais suffisamment ritualisées pour donner un sens convivial à l’expérience de la table commune ? (présentation de l’éditeur)
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Avant 2014
Articles
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Les Alimentations particulières. Mangerons-nous encore ensemble demain ?
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAY -
Urban governance for food security : the alternative food system in Belo Horizonte
23 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYWith a population of 2.5 million people, the city of Belo Horizonte, Brazil, is a world pioneer in tackling food consumption, distribution and production as components of an integrated urban policy for food security. The paper gives a description of the main programmes and features of this policy arguing that over 15 years the city and its Municipal Secretariat for Food Policy and Supply have built a particular alternative food system. Marked by the comprehensive scope of its programmes ; its urban/rural focus ; the flexibility of the initiatives and, above all, by its commitment to social justice and equitable access to food, Belo Horizonte has developed a distinct mode of governance for food security. The unique ‘alterity’ of this food system is set further apart from those being attempted in Europe and in North America because it is government-driven. The paper discusses its strengths and current challenges.
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Alimentation et vivre-ensemble. Le cas de la créolisation
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYLa créolisation est le fruit des situations d’acculturation qui caractérisent certaines sociétés formées avec la colonisation, donnant naissance à des configurations socioanthropologiques singulières, tant sur le plan des productions matérielles et immatérielles que sur celui des formes de vivre-ensemble. Dans ces processus, l’alimentation joue un rôle majeur en tant que support de construction et d’expression identitaires. Sur le plan sociohistorique, la créolisation de l’alimentation correspond aux formes d’entrecroisements culturels intervenus dans ces sociétés, donnant ce que l’on appelle localement les cuisines créoles ; ces hybridations se poursuivent aujourd’hui encore avec la globalisation et les migrations plus récentes. Plus largement, elle désigne les processus identitaires qui entourent l’alimentation et par lesquels les populations en situation de diversité culturelle marquent l’en-commun et la différence. La réflexion s’appuie sur l’étude du système alimentaire à La Réunion, où la cuisine créole et le manger créole symbolisent l’appartenance commune, alors que les autres cuisines soutiennent les dynamiques de différenciation et de construction de la mémoire des origines.
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L’homnivore
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYClaude Fischler interroge les racines de nos représentations, de nos goûts et de nos dégoûts alimentaires. Il décrit les mutations des modes de vie, l’invasion de la diététique, le souci croissant du corps et du poids, les révolutions de la haute cuisine et montre qu’à l’âge de l’abondance nous sommes sans doute plus menacés par la cacophonie diététique ambiante que par ce que contiennent nos assiettes.Claude Fischler, sociologue, est chercheur au CNRS. (présentation de l’éditeur)
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Guidelines on food fortification with micronutrients
3 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYThe guidelines are written from nutrition and public health perspective, to provide practical guidance on how food fortification should be implemented, monitored and evaluated. They are primarily intended for nutrition-related public health programme managers, but should also be useful to all those working to control micronutrient malnutrition, including the food industry.
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Avoiding the local trap : scale and food systems in planning research
3 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYA strong current of food-systems research holds that local food systems are preferable to systems at larger scales. Many assume that eating local food is more ecologically sustainable and socially just. We term this the local trap and argue strongly against it. We draw on current scale theory in political and economic geography to argue that local food systems are no more likely to be sustainable or just than systems at other scales. The theory argues that scale is socially produced : scales (and their interrelations) are not independent entities with inherent qualities but strategies pursued by social actors with a particular agenda. It is the content of that agenda, not the scales themselves, that produces outcomes such as sustainability or justice. As planners move increasingly into food-systems research, we argue it is critical to avoid the local trap. The article’s theoretical approach to scale offers one way to do so.
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L’impact carbone de différents régimes nutritionnels
4 janvier 2018, par RoxaneUn des défis majeurs à venir sera de parvenir à nourrir durablement les urbains, car dans le même temps, la communauté scientifique s’accorde pour pronostiquer un avenir fait de risques de pénuries de ressources naturelles non renouvelables, liés notamment à l’urbanisation galopante.
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Comment mange le monde ?
27 janvier 2012, par ClarisseA côté de la sous-nutrition existent des problèmes de malnutrition, par carence (la faim « cachée ») ou par excès (l’obésité). Ces questions de santé publique liées aux régimes alimentaires ne se posent pas partout de la même manière (certains régimes sont considérés comme modèles : Japon, Méditerranée) et on observe encore une grande variété de styles alimentaires dans le monde. Pourtant, une tendance globale se dessine vers une surconsommation calorique, avec une plus forte proportion de produits animaux et transformés.
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Comment la personne se construit en mangeant
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYL’évolution de la sensation gustative, son rôle, sa place dans la genèse de la personne ainsi que dans l’établissement des conduites alimentaires normales ou déviantes, constituent un domaine dans lequel nos connaissances sont nombreuses, foisonnantes, mais aussi mal organisée, et, sur certains plans, étrangement lacunaires.
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Le métissage, dynamique des gastronomies
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYLa gastronomie est une notion ambivalente, tantôt confisquée par un discours élitiste de l’« art de la bonne chère », tantôt assimilée par une culture du boire et du manger construite autour de ces pratiques. En 1826, Brillat-Savarin l’explicitait en « art de régler l’estomac ». Mêlant considérations médicales et recettes de cuisine, il transforme la gastronomie en Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante. Dès lors perçue comme le fait de « gastronomes », elle est « la connaissance raisonnée de tout ce qui se rapporte à l’homme en tant qu’il se nourrit ». Cette conception creuse le fossé qui sépare des cuisines dites populaires de celles dites gastronomiques, que l’on retrouve à la table des grands. La gastronomie, dans cette prétention des plus élitistes, est dénoncée par Jean-Louis Flandrin comme une « pseudo-science du bien-manger » issue d’une rationalisation des pratiques et des consommations alimentaires, et remet en cause les principes d’une diététique née des Lumières. Aussi, elle ne peut être comprise sans être rattachée à la construction des identités nationales tout comme elle présente des caractéristiques qui n’ont cessé d’être interrogées et mises en cause par les historiens.