Au Mexique, les célébrations publiques et privées liées à la Toussaint (Día de Muertos), tout autant que la multiplication des représentations de la mort sous la forme de la Catrina ou de squelettes, font désormais partie d’une culture populaire se diffusant bien au-delà des frontières du pays. Le développement d’un tel imaginaire, notamment dans les zones urbaines, tend à accréditer l’idée selon laquelle les Mexicains entretiendraient un rapport de proximité avec les morts qu’ils accueilleraient en leur offrant des repas dans une atmosphère festive au moment de leur retour annuel. En réalité, l’observation ethnographique des transferts alimentaires destinés à ces visiteurs dans les communautés de Mixe vivant dans l’État d’Oaxaca prouve que la crainte de voir les morts rester dans la sphère domestique ne disparaît pas à la Toussaint. Pour le démontrer, cet article mène une étude contrastive des régimes de commensalité associés aux dépôts cérémoniels – associés à des sacrifices de volailles – selon qu’ils sont destinés aux morts ou à une entité appelée « Celui qui fait vivre ». Alors que l’anthropologie religieuse s’est souvent consacrée à l’étude de la symbolique des éléments transférés lors d’une offrande alimentaire, l’angle d’analyse adopté se concentre sur les dynamiques interactionnelles grâce auxquelles est mise en scène l’acceptation de ces transferts par ces différents destinataires. En dépit des similitudes dans la morphologie rituelle, on découvre alors que les dépôts de nourritures n’établissent pas les mêmes types de relations avec les morts ou avec « Celui qui fait vivre ».
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Consommation
Articles
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Nourrir les morts ou « Celui qui fait vivre », les différents régimes de commensalité rituelle chez les Mixe (Oaxaca, Mexique)
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAY -
Rôle du contexte sur le plaisir du repas
3 février 2017, par ClarisseAgnès Giboreau, directrice de la recherche, Institut Paul Bocuse, Lyon - Les liens qui unissent plaisir et alimentation sont multiples. Comment le système nerveux analyse-t-il les informations sensorielles ? Le plaisir sensoriel contribue-t-il à une alimentation plus saine ? Comment l’industrie alimentaire développe-t-elle des produits qui parlent à nos sens ? Le plaisir de manger ne vaut-il que s’il est partagé ? Dès lors, comment mieux partager la gastronomie ?
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Le genre de l’ivresse. Évolution des consommations d’alcool chez les étudiant-e-s
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYLe boire alcoolisé se prête particulièrement bien à une analyse en termes de genre. Cet article examine la construction sociale de la réalité concernant les modalités genrées du boire chez les jeunes, à partir d’une recherche en population étudiante. Entre le toxique et l’aliment, la « culture de l’ivresse » et la « culture du vin », le boire des jeunes et son évolution articulent différentes normes et différents rapports aux normes. L’évolution des rapports sociaux entre les sexes en matière de consommation estudiantine mérite d’être étudiée de près : contrairement aux discours récents de la prévention et de la santé publique mettant l’accent sur l’explosion des consommations chez les étudiants et la dissolution du genre, on observe avant tout le rapport étroit à l’ivresse qui évolue vers la modération et un maintien de la dissymétrie du genre tout au long des parcours de consommation.
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Histoire d’un péché capital : la gourmandise
30 janvier 2015, par ClarisseFlorent Quellier, historien - Que nous disent les pratiques et mouvements alimentaires d’hier ? Remontée aux sources préhistoriques de notre alimentation, en passant par les disettes du Moyen-Âge et les « métissages culinaires » en Amérique latine. Puis anticipation sur les alimentations de demain en termes de nouveaux produits, de nouveaux usages, et d’innovations technologiques.
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L’Attiéké-Garba, « bon » à manger et à penser.
22 décembre 2017, par RoxaneGisèle Sedia est titulaire d’un DEA de sociologie depuis 2001, conseillère en insertion professionnelle et titulaire d’un certificat de prévention des conflits électoraux, Gisèle Sedia a été associée pendant 18 ans à différents programmes de recherche de l’IRD, de l’Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest, du Centre suisse de recherche scientifi que en Côte d’Ivoire, du Centre de recherche et d’action pour la paix (CERAP-INADES).
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« La nourriture de la marmite ». Alimentation et socialisation de l’enfant dans deux villes camerounaises
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYChapitre 11 de l’ouvrage Manger en ville : Regards socio-anthropologiques d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie (Soula et al., 2020)
Ce chapitre vise à montrer que l’alimentation de l’enfant de 0 à 1 an dans les villes de Yaoundé et de Douala au Cameroun est un enjeu d’humanisation et de socialisation. De juin 2013 à mars 2014, une recherche qualitative a été réalisée sur la base d’un échantillonnage de type non probabiliste par choix raisonné dans ces deux villes cosmopolites. Les ménages rencontrés ont été choisis à partir de critères socio-économiques, niveau de vie haut, moyen et modeste, ainsi que sur la base de leur diversité ethnique. Les pratiques d’alimentation visent à intégrer l’enfant à son groupe social. Un artefact symbolise cette socialisation de l’enfant : « la nourriture de la marmite ». -
Diversité agricole, diversité de l’alimentation et santé en situation d’urgence
29 janvier 2016, par ClarisseFélicité Tchibindat, Unicef, Cameroun - Les comportements d’abondance et l’excès de consommation de graisses animales, sucre et sel, partout dans le monde, induisent une augmentation des maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète de type 2 et obésité). Avec le développement de ces pathologies, et la volonté de les prévenir, on observe une forme de médicalisation de l’alimentation (y compris dans les situations de sous-nutrition), qui renouvelle de manière importante les relations entre alimentation, santé et bien-être.
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Avis du CNA - Nouveaux comportements alimentaires
11 juillet 2022, par Mathilde COUDRAYAvis du CNA Juillet 2022 - L’avis a identifié les comportements alimentaires qui se diffusent de manière accrue depuis une dizaine d’années et reflétant des préoccupations fortes quant à l’enjeu de la durabilité des systèmes alimentaires.
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L’homnivore
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYClaude Fischler interroge les racines de nos représentations, de nos goûts et de nos dégoûts alimentaires. Il décrit les mutations des modes de vie, l’invasion de la diététique, le souci croissant du corps et du poids, les révolutions de la haute cuisine et montre qu’à l’âge de l’abondance nous sommes sans doute plus menacés par la cacophonie diététique ambiante que par ce que contiennent nos assiettes.Claude Fischler, sociologue, est chercheur au CNRS. (présentation de l’éditeur)
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18/ The social stratification of sustainable food practices
4 July 2022, by Mathilde COUDRAY– Carla Altenburger, L’Institut Agro Montpellier, UMR Innovation and UMR IRISSO, Paris, France
Key points Looking at sustainable food practices, understood here as the purchase of products labelled as “organic” or “fair trade” or that refer to a geographical origin, the French population can be split into consumers and non-consumers of such products. All the consumers surveyed fit one of four typical profiles, the comparison of which shows that sustainable food practices are strongly shaped by (...)
Sections
- L’alimentation pour se relier à soi
- 2021 / Être ensemble - L’alimentation comme lien social
- Fortifier les aliments pour lutter contre les carences ?
- Vous reprendrez bien un peu de protéines ?
- Réinvestir la cuisine et le “fait-maison” ?
- Le consomm’acteur, moteur du changement ?
- L’alimentation pour se relier aux autres
- 2017/ Se nourrir de plaisirs
- Séminaire 2017
- Séminaire 2015