SESSION 2 Quand les circuits de distribution se réinventent


La distribution a toujours constitué le der-nier maillon dans la chaîne de valeur des filières alimentaires. Dans les années 1950 se sont développées les grandes enseignes de distribution telles que nous les connaissons aujourd’hui. Ce développement s’est accompagné d’une diminution du nombre de commerces et marchés de proximité, ainsi que de l’apparition de circuits de commercialisation favorisant les filières longues et les acteurs intermédiaires (négociants, centrales d’achat).

Ce modèle présentait plusieurs avantages. Le consommateur était assuré de trouver tous les biens de consommation au même endroit, ce qui facilitait l’acte d’achat et apportait un sentiment de modernité. Le commerçant avait la possibilité de stocker les marchandises en plus grande quantité, tout en garantissant la sécurité sanitaire et la qualité des produits, et pouvait obtenir de meilleurs tarifs du fait d’une négociation sur des volumes d’achat plus importants.

Néanmoins, différentes problématiques remet-tant en cause ce mode d’organisation sont apparues. Force a été de constater que ce modèle était facteur de gaspillage, de déchets, d’inégalités sociales et de distanciation entre les mangeurs et la provenance de l’alimentation. La praticité offerte par les circuits de distribution ne semble alors pas pouvoir rimer avec durabilité économique, sociale et environnementale.

Une certaine défiance des consommateurs envers ce modèle de distribution s’est donc installée, soutenue par différentes crises sanitaires et par la prise de conscience de l’inégalité de répartition de la valeur ajoutée au sein des filières alimentaires. Cela s’est traduit par une forte demande sociétale pour plus de proximité entre production agricole et consommation (70 % des consommateurs déclarant ainsi vouloir « manger local »), qui a émergé dans les années 2000, et on assiste depuis à un essor et un développement des circuits courts sous des formes aussi variées que nombreuses : paniers, drives, marchés paysans, magasins de producteurs, etc.

Dans ce contexte, de nombreuses initiatives innovantes apparaissent sur les territoires, avec comme objectif de réinventer la distribution. Elles ont pour point commun de vouloir recréer du lien social, de la justice et de la proximité au sein des filières, tout en permettant d’assurer transparence et traçabilité.

C’est ce dont témoignent les cinq innovations présentées dans ce chapitre.

Sur le MIN de Montpellier, la volonté est de pro-mouvoir et pérenniser les filières locales grâce à la structuration d’une offre garantissant proximité, fraîcheur et qualité. En jouant un rôle d’interface commerciale et technique, le MIN de Montpellier permet de rapprocher et de faciliter les synergies entre tous les opérateurs de la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation en passant par la transformation.

Pour les entreprises qui se lancent dans un commerce équitable « Nord / Nord », le paiement d’un prix juste et l’engagement dans la durée avec les producteurs agricoles permet de garantir un commerce plus vertueux, soutenant l’agriculture paysanne et contribuant à une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein des filières.

Vrac’n Roll contribue à faciliter l’accès à une alimentation plus durable pour tous, en associant agriculture biologique, produits vendus en vrac et e-commerce.

Avec O’Cbon, la restauration d’entreprise peut s’approvisionner de manière plus responsable, favoriser les produits locaux et mieux gérer ses déchets : les salariés des entreprises « redécouvrent » ainsi leur pause déjeuner.

Enfin, faisant le constat que de nombreux agriculteurs sont victimes de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et des inégalités, les Restos du Cœur de l’Hérault développent un approvisionnement local avec le double objectif de soutenir la production de proximité et d’offrir une aide alimentaire plus fraîche et diversifiée.

Chacune des initiatives présentées se propose donc d’accompagner le changement vers une consommation plus durable et responsable, en permettant aux différents acteurs des filières de se réapproprier les circuits de commercialisation.

Elles posent néanmoins toutes la question du changement d’échelle : comment ces initiatives peuvent-elles croître tout en conservant leurs valeurs et en continuant à respecter leur engagement de durabilité ?

Karim Barhoumi, Mary-Anne Bassoleil, Anne-Cécile Brit, Aurélien Despinasse, Victor Giguet-Chevalier, Lucie Poline

Note au lecteur : Ce texte a été co-construit avec Marion MAZEL, qui a présenté cette session lors de la Jipad 2018. Marion Mazel, diplômée ISAM en 2016, est actuellement chargée de la structuration de l’offre au MIN de Montpellier. Nous tenions à la remercier ici pour son aide et son intervention.

Victor Giguet-Chevalier et Lucie Poline

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