Au XVIIe siècle, Rubens, Vermeer, Rembrandt et bien d’autres utilisaient le bois de chêne de la Baltique, le lin ou le chanvre de Silésie, le pastel de Toulouse, l’indigo des Indes… Chaque œuvre était « une surface réduite où convergeaient des routes sillonnant le monde entier », nous dit Benoit Daviron, l’auteur de ce livre. La grandeur de la peinture hollandaise témoigne de la capacité du pays à s’approvisionner en produits de biomasse lointaine, cette matière composée ou issue du vivant. La quête de la biomasse d’un ailleurs lointain écrira l’histoire des trois siècles suivants. Avant que, au XIXe, l‘exploitation des énergies fossiles – la biomasse du passé – ne métamorphose les rapports à la biomasse immédiate. C’est une autre histoire, et une économie de l’agriculture plus vaste et plus globale, que Benoit Daviron nous propose. L’agriculture n’y est pas seulement alimentaire, ni la seule à fournir la biomasse. Comment, avant et après les énergies fossiles, les sociétés européennes ont-elles maîtrisé la distance et mobilisé le travail pour satisfaire leurs besoins croissants ? Quelles conséquences pour le reste du monde ? Au fil des périodes, nous découvrons que la capacité à mobiliser énergie et matière, et en particulier le vivant, est le miroir de la richesse et de la puissance du pays leader de son temps. Nous voyons se préciser les contours de l’agriculture dite naguère moderne, et aujourd’hui « conventionnelle » et le rôle central qu’a joué l’industrie chimique dans sa genèse. Cette lecture modifie nos interrogations sur l’avenir. Et, si le prochain leader est asiatique, quel rapport à la biomasse annonce-t-il ? S’appuyant sur une littérature abondante, Benoit Daviron nous présente une synthèse au-delà des frontières disciplinaires, dans laquelle se dessine une histoire longue, économique et politique, de la biomasse. S’il vise prioritairement enseignants, chercheurs et étudiants en agronomie et en économie agricole, ce livre intéressera les historiens et économistes, et aussi un public curieux des questions agricoles et alimentaires, de leurs enjeux passés et à venir.
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Articles
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Biomasse. Une histoire de richesse et de puissance
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAY -
« Food activism » en Europe : changer de pratiques, changer de paradigmes
27 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYQu’elles soient locales, nationales ou internationales, les mobilisations et les contestations liées à l’alimentation regroupent un large éventail de pratiques allant des actions collectives de producteurs ou de consommateurs aux mouvements sociaux et politiques structurés. À partir d’une définition large et inclusive de la notion de, ce texte explore diverses formes, conceptions et pratiques du food activism observables en Europe. Comment pouvons-nous analyser le food activism et quelles sont ses limites ? Quels types d’économie imaginent ou pratiquent les food activists ? Quels types de positions défendent-ils et quelles stratégies mettent-ils à l’œuvre en Europe ? À partir de deux cas d’étude – le mouvement international Slow Food et les systèmes de paniers de légumes de type AMAP –, il s’agira d’avancer quelques hypothèses concernant les paradigmes et les pratiques de ces activismes. Interroger le food activism nous permet de comprendre non seulement les changements qui affectent dans le temps ces formes de mobilisation et leurs objectifs, mais aussi les liens et connexions entre différents types d’activismes liés à la sphère de l’alimentation. Cela nous conduit parallèlement à interroger nos propres paradigmes et nos propres pratiques de recherche.
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La lutte contre le gaspillage alimentaire en France et aux États-Unis : mise en cause, mise en politique et mise en marché des excédents alimentaires
3 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYÀ travers le cas de la « lutte contre le gaspillage alimentaire » en France et aux États-Unis, cette thèse met en évidence les rouages de la transformation d’organisations capitalistes par l’incorporation de critiques sociales et écologiques, selon le processus théorisé par Boltanski et Chiapello dans Le nouvel esprit du capitalisme (1999). Reposant sur l’analyse qualitative de 213 entretiens et de plus de 125 observations menées de 2013 à 2017 au sein d’associations environnementales et caritatives, d’administrations publiques et de firmes des deux pays, ce travail de recherche retrace la construction de la cause du gaspillage, son inscription dans l’action publique, puis ses effets sur le fonctionnement de la production et des marchés alimentaires. L’argument proposé est que des militants, des chargés de la responsabilité sociale d’entreprises comme des acteurs politiques ont assuré non seulement la remise en cause mais aussi la remise en marché de produits alimentaires jusqu’alors jetés, par des mécanismes de reconstruction de valeur(s), de réallocation et de recatégorisation. Dans une démarche de changement consensuelle et réformiste, ils n’interrogent que rarement les relations de pouvoir sous-jacentes à l’origine de ces excédents. Ils contribuent ainsi à une recomposition des systèmes alimentaires qui bénéficie aux firmes dominantes autant qu’à des fondateurs d’entreprises et d’associations saisissant de nouvelles opportunités. Par ce retour réflexif sur leurs initiatives, cette thèse invite les entrepreneurs de la lutte contre le gaspillage, en France comme aux États-Unis, à s’interroger sur leur propre rôle dans l’adaptation d’organisations capitalistes.
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Alimentation durable et économie sociale et solidaire : les liaisons fertiles
23 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYPar nature transversale, la transition agroécologique et alimentaire est au carrefour de cultures et d’influences que les acteurs conjuguent au quotidien. Notamment l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) qui permet de penser autrement les filières et chaînes de valeur agricoles et offre un cadre fertile pour de nouvelles alliances. Cette nouvelle étude donne la parole aux acteurs de terrain mais aussi à ceux qui les accompagnent et les financent. Sans prétention d’exhaustivité, elle explore les points de rencontre entre la chaîne de valeurs alimentaire et l’ESS, offre des informations pratiques pour se lancer et identifie les voies de développement.
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Avis du CNA - Nouveaux comportements alimentaires
11 juillet 2022, par Mathilde COUDRAYAvis du CNA Juillet 2022 - L’avis a identifié les comportements alimentaires qui se diffusent de manière accrue depuis une dizaine d’années et reflétant des préoccupations fortes quant à l’enjeu de la durabilité des systèmes alimentaires.
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Mieux nourrir la planète : diversifier les cultures pour construire des systèmes alimentaires durables
15 juin 2022, par Mathilde COUDRAYAujourd’hui, d’importantes mutations de l’agriculture mondiale sont nécessaires pour produire suffisamment d’aliments sains pour tous, tout en préservant la qualité des terres, de l’air et de l’eau et en sauvegardant la biodiversité. Mais produire suffisamment et préserver en même temps l’environnement est une équation particulièrement complexe à résoudre. Les pratiques agroécologiques, dont un principe essentiel est l’usage de la biodiversité cultivée, constituent une voie prometteuse pour assurer ces mutations.
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Florine Legarez
15 septembre 2021, par Mathilde COUDRAYLa Foncière Terre de Liens : finance solidaire et citoyens à l’assaut de la terre. La Foncière Terre de Liens (TDL) introduit une innovation organisationnelle dans l’espace foncier agricole français puisqu’elle renouvelle les modes d’accès aux terres et rompt avec la tradition du faire-valoir direct.
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De la hausse des prix au retour du « productionnisme » agricole : les enjeux du sommet sur la sécurité alimentaire de juin 2008 à Rome
3 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYEn mai 2007, la rumeur de la création d’un nouveau gouvernement français sans ministère de l’Agriculture courait. Celui-ci serait éventuellement relégué au rang de secrétariat d’État. Le rapport annuel de la Banque mondiale sur le développement dans le monde sortait six mois plus tard, consacré à l’agriculture. Il dénonçait l’abandon dont ce secteur avait fait l’objet depuis plus de vingt ans. La part consacrée au secteur agricole dans l’aide publique au développement était ainsi passée de 11,5 à 3,9 milliards de dollars entre 1987 et 2005. En moins d’un an, les manifestations populaires et les émeutes que la flambée des prix a provoquées auront réussi à bouleverser l’agenda politique international et à replacer l’agriculture dans les débats internationaux. Revenir sur cet emballement médiatique et tenter de prendre du recul sur l’enchaînement des événements ne vise pas à dénoncer cette nouvelle priorité. Mais ce retour de balancier porte en lui de nouveaux risques qui pourraient bien conduire, si l’on n’y prend garde, à provoquer demain d’autres crises alimentaires.
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Antoine Gantiez
8 avril 2022, par Mathilde COUDRAYMOTS-CLÉS : EXPLOITATIONS AGRICOLES COLLECTIVES, STATUTS JURIDIQUES, MODÈLE COOPÉRATIF, INSTALLATION, RENOUVELLEMENT GÉNÉRATIONNEL
La mise en commun des moyens humains et financiers sous la forme d’exploitations collectives peut apparaître à bien des égards comme une solution aux problèmes évoqués en introduction à ce chapitre. Il ne s’agit cependant pas d’une innovation ; de nombreuses exploitations sont aujourd’hui déjà gérées de façon collective. En 2018, selon la mutualité sociale agricole MSA, 58 % (...) -
Comment changer nos comportements alimentaires ? Le regard du socio-anthropologue de l’alimentation
31 janvier 2014, par ClarisseJean-Pierre Poulain (Chair of Food Studies, Taylor’s University – Toulouse/Kuala Lumpur) - Agir sur la consommation alimentaire des ménages est identifié comme un levier majeur pour réduire l’impact de nos systèmes alimentaires sur l’environnement et améliorer la santé des populations. Comment accompagner des changements de pratique vertueux ? Quelle acceptabilité par les consommateurs ?
Rubriques
- L’alimentation pour se relier à soi
- « Glocaliser » l’alimentation
- 2021 / Être ensemble - L’alimentation comme lien social
- S’engager pour la transformation des systèmes alimentaires
- Séminaire 2014
- Faut-il doubler la production alimentaire pour nourrir le monde ?
- Séminaire 2013
- Fortifier les aliments pour lutter contre les carences ?
- Séminaire 2012
- Vous reprendrez bien un peu de protéines ?
- Lutter contre le gaspillage alimentaire ?
- Lutter contre la précarité par de l’aide alimentaire ?
- Réinvestir la cuisine et le “fait-maison” ?
- Prendre ses distances avec le local ?
- Le consomm’acteur, moteur du changement ?
- Les initiatives citoyennes et leur changement d’échelle
- L’alimentation facteur d’identité
- L’alimentation pour se relier aux autres
- Les entreprises : vers de nouveaux modèles ?
- Les rôles de la formation et de la recherche
- L’alimentation en politiques
- L’alimentation pour se relier à la biosphère
- Aux origines de l’agriculture industrielle
- Politique agroécologique et alimentaire de Montpellier
- L’industrialisation de l’offre alimentaire
- 2017/ Se nourrir de plaisirs
- L’évolution des habitudes alimentaires
- Séminaire 2018
- Les limites des systèmes alimentaires industrialisés
- Séminaire 2017
- 2019/ Manger le vivant - Les microbes, du sol au ventre
- Pourquoi une approche écologique de l’alimentation ?
- Séminaire 2016
- 2020/ Alimentations et biodiversité : se relier dans la nature
- Décloisonner les savoirs sur l’alimentation
- Séminaire 2015